LES SOURCES DE L’HISTOIRE DU LANE XANG


Laos doit avoir existé depuis les temps les plus reculés, mais « la tradition indigène ne sait rien de la période qui s’étend entre le mythique Khoun Bourôm, fils du légendaire Khoun Lo, et le XIVè siècle. Elle conserve seulement une liste de noms de chefs (Liste des Rois de Khoun Lo à Fa-Ngum : Khoun lo, Khoun Swa Lao, Khoun Soung, Khoun Khet, Khoun Khoum, Khoun Khip, Khoun Khap, Khoun Khao, Khoun Khane, Khoun Phèng, Khoun Phéng, Khoun Pheung, Khoun Phi, Khoun Kham, Khoun Houng, Thao Thèng, Thao Lang, Phagna Kham Phông, (P. le Boulanger, op. cité, pp. 39-40) et phagna Kham Ngiao, Phagna Kham Hiao, Fa-Ngum) désignés d’abord par le titre Khoun, puis par celui de Thao, enfin par celui de Pragna (cf. L. Finot, Recher-ches sur la littérature laotienne, BEPEO, t. XVIII, fasc. 5, p. 164).

En effet, la période préhistorique du Laos reste plutôt « légendaire » bien qu’elle soit très rapprochée des temps modernes, et ce n’est qu’à partir du XIVè siècle, que Sa présence fut effectivement signalée dans les documents épigraphiques des pays voisins, et que son histoire commença à être enregistrée dans les Annales locales. La partie vraiment historique de notre Etude ne saurait donc commencer qu'avec Fa-Ngoum, et c’est à travers les épigraphies, Annales et chroniques, tant locales qu’étrangères confrontées ensemble que nous la présentons à nos lecteurs.

I - DOCUMENTS EPIGRAPHIQUES

Une stèle érigée en 1292 par le roi de SukhotHai, Rama Kham Hèng, à Xieng May, mentionnait pour la première fois la présence du Laos appelé par le nom de ses deux grandes villes Vieng Chan-Vieng Kham qui, à l’est, fermaient les frontières de son royaume : Ils (les Thais de Sukhothai) ont soumis à l’orient les villes de Saluong, Songgëo, Lumpâcay, Sogôthao, les rives du fleuve Khong (ligne 115) jusqu’à vieng chan-vienq Khan, ligne 116) qui font frontière» (cf. A. Pavie, Mission e en Indochine, Paris 1898, tome Il, p. 193).

Une autre stèle érigée sur l’ordre de l’empereur d’Anna, Minh Tông Thu’o’ng Hoàng en 1335 sur une montagne frontière lao-vietnamienne de la province du Nghê-An, commémora la victoire de l’empereur en 1334 sur les troupe du Laos, désigné dans l’inscription sous le nom de Ai Lao. Cette stèle reste encore de nos jours et on peut encore y lire les inscriptions gravées profondément dans la pierre (cf. Trâi Trong Kim, viêtnam Su’Lu’o’c ou Précis d’histoire du Viêtnam, Tân-Viêt, Saigon 1949, p. 165). Enfin, une stèle érigée dans la montagne Khao Pra Bat Yai à l’ouest de Sukhothai, par le roi Siamois Dharmaraja II en 1370 en souvenir d’un pèlerinage qu’il fit dans cette région, indique le nom de Fa-Nom (Fa-Ngoum) de Luanq Prabang parmi les rois régnant alors sur les voisins (cf. G. Coedès, Recueil des inscriptions du Sukhothai, Bibliothèque nationale, Vajaranana, Service archélogique 1924, n°4, pp. 167, 177).

II- DOCUMENTS ECRITS

1- ANNALES LOCALES
a/ En langue Laotienne La principale chronique laotienne est le « Nithan Khoun Bourôm ». Elle couvre la période s’étendant origines légendaires jusqu’à l’avènement du roi Manthourat (1817-1836). Le texte original est écrit en caractères « Tham » (Ecriture « THAM » : Vers le Viè siècle, on usait au Pégou d’une écriture de l’Inde du Sud que les Laotien appellant « Aksone Khom » (alphabet des Môns ou des Pégouans) sembles aux ancien caractères Khmers.

C’était l’écriture du canon brahmanique et Boubbhique en usage dans presque la péninsule Indochinoise. Les Thai qui à l’origine, n’avaient pas d’écriture se servaient de ce système dans les centres religieux et l’emportent avec eux dans leurs migrations. Ils descendirent de leur habitat primitif du yannan pour se répandre à une époque ancienne dans les Pays voisins au Tonkin, au Laos et surtout en Birmanie.

Les Shans progressèrent vers l’Assam qu’ils conquirent au XIIIè siècle. Ils fondèrent à la même époque le Royaume de Sukhothai au Siam. Les Laotien, depuis leur venue de Muong Theng (Diên Biên Phu) à Luang Prabang, gardèrent la forme ancienne de cette écriture dite « Shane » ou « Lû » que les laotiens appelleraient plus tard au XIXè siècle, caractère ‘THAM » (Dhamma : Doctrine Bouddhique) en réservant, en effet, uniquement leur emploi aux textes religieux après la création de l’écriture dite « Laotienne » (cf. Phouvong Phimmasonne, cours et Conférences, BEFEO, 1949. cf. également Cours de Littérature Lao, Vientina, N° 4-5)) sur des feuilles de latanier ou « bay lan ». On en Trouve plusieurs exemplaires à la Bibliothèque Royale de Luang Prabang où ils sont conservés sous les Nos R-343 R-344, et à la Bibliothèque du Vat Ho Phra Kèo à Vientiane les Nos E-114. 3-77, E-12 et E-11..

Du texte original, on a tiré :
1- Deux inscriptions partielles, s’arrêtant au livre II, c’est-à-dire à la fin du règne de Fa Ngoum dans l’écriture laotienne moderne intitulées : - Nithan.Khoun Bourôm Rasathirath, par Maha Sila Viravongs (Edit. du Ministère des Cultures, Vientiane, 1967); -Nangsu Phun Khoun, Bourôm Rasathirath, par Maha Choum Chitaphot (Edition du Comité Littéraire, Vientiane, 1967).
2- Une traduction en français par Auguste Pavie intitulée « Histoire du pays de Lan Xang Hom Kao » dans « Mission Pavie en Indochine », (op. cité, p. 177). Cette version s’arrête au Livre IV inclus (jusqu’à la fin du règne de Setthathirath 1548-1571) et terminée par cette mention « Le 10è jour du 3è mois, An Lovai Cholla Saccarach 1219 (1857 A.D.) (Concernant ces datations, notons en passant que dans la version traduite par A. Pavie dans « Mission Pavie » (op. cité), le récit s’arrêtant au XVIè siècle, mais l’ouvrage fut rédigé 3 siècles plus tard, c’est-à-dire au XIXè siècle. Ainsi nous présentons les datation du Maha Sila avec beaucoup de réserves.), cette copie a été terminée.
Le Livre a eu pour auteur Mata Akavora Lacakou Titsapanha, Chef du Vat Pa-hourc (Luang Prabang), qui avait pour but de la faire parvenir à la postérité jusque 5 000 ans écoulés ». Puisés dans le Nithan Xhoun Bourôm, un certain nombre de livres l’histoire du Laos ont été écrits, tels que : - Phongsavadan Hèng Pathet Lao (Mit. gouvernementale, Hanot 1927) - Phongsavadan Muong Luang Prabanq (Edit. Bibliothèque Nationale, Vientiane, 1969) - Phonqsavadan Lao, par Maha Sila Viravongs (Vientiane 1957) - Phongsavadan Sat Lao, par Tiao Kham Manh Vongkôt Rattana (Vientiane 1961) - Khoam Pén Ma Khong Lao, par Oukham Phomvongsa (Vientiane 1958).

Particulièrement, le Phongsavadan Lao (Edit. 1957) du Maha Sila Viravongs « a été traduit en anglais (1er octobre 1958) à l’usage des experts américains. Il est dommage quee les traducteurs aient omis la préface, véritable introduction à toute histoire future du Laos qui indique les critères adoptés par l’auteur dans la sélec-tion des faits historiques (cf. C. Archaimbault, Les Annales de l’ancien royaume de Shieng Khwang, BEFEO, t. LIII, fasc. 2, 1967, p. 563). C’est dommage, en effet, car le Nithan Khoun Bourôm a été recopié plusieurs fois en plusieurs ouvrages, par plusieurs personnes et à des périodes différentes, ce qui a donné lieu à des erreurs et des détails qui sur certains faits différaient d’un ouvrage à l’autre.

La pré-face de Maha Sila Viravongs est justement une analyse des faits historiques qu’il rapporte. Il la reprit néanmoins dix ans plus tard pour présenter au public sa deuxième publication, le Nithan Khoun Bourôm Rasathirath (Edition 1967, op. cité). Pour les raisons que nous avons exposées, nous pensons bien faire d’en donner aux lecteurs le condensé ci-dessous : Après une recension des ouvrages existants, Mata Sila Viravongs en arrive à conclure qu’il existe 5 versions du Nithan Khoun Bourôm.

VERSION 1 - La première version fut écrite au début du XVIè siècle par les Vénérables Thép Louang et Moung Khoung Sithi sur l’ordre de S.M. le Roi Visounarat (1501-1520), ainsi qu’il est indiqué A la fin de l’ouvrage.
VERSION 2 – La deuxième version fut écrite au début du XVIè siècle par le Vénérable Anrinha Vonsô ; mais aucune date n’y est explicitement indiquée ; Maha Sila Viravong pense toutefois qu’elle parut vers la fin du XVIè siècle, sous le règne du Roi Sène Soulintha (1580-1582) car il est indiqué à la fin de cet ouvrage que Sène Soulintha voulant se proclamer roi, rencontra l’opposition de Phagna Chanh qu’il fit tuer et monta sur le trône. « ô érudits et écrivains, complétez cette illustre histoire par des évènenments que vous avez vus et entendus, mais que nous, nous avons omis de signaler ici. En ce qui concerne la présente période (règne de Sène Soulintha), il n’y a rien qui soit digne d’être signalé ». Le silence volontairement gardé sur la façon dont Sène Soulintha s’empara du trône, paraît ironiquement dirigé contre ce dernier par le chroniqueur, le Vénérable Arinha Vongsô, contemporain de l’usurpateur.
VERSION 3 - La troisième version, parue sous le titre de « Phongsavadane Muong Phouan » ou Histoire de Muong Phouan (Xieng Khouang) est une oeuvre anonyme, non datée. Elle reprit l’histoire du Laos depuis Khoun Bourôm et continua la version 2 jusqu’à l’an 1627, ce qui laisse supposer il qu’elle fut écrite sous le règne du roi Mon-Kèo (1627 ?).
VERSION 4 - La quatrième version fut, selon toute probabilité, écrite en l’an 1070 de l’ère Choula Sakarat (Les ères employées dans les Annales Lao : - Choula Sakarat ou Petit Ere, commence en l’an 638 de l’ère Chrétienne, atteint 1333 années en avril 1971 ; - Phra Bouthachao Sakarat ou Ere Bouddhique, antérieure de 544 ans de l’ère Chrétienne, compte 2514 années en avril 1971.), correspondant à l’an 1705 A.D. du règne de Saya Settha II appelé encore Sai Ong Hué (1700-1735 A.D.) datation basée sur un détail trouvé dans cette version : « l’an 1070 de l’ère Choula Sakarat, le 4è jour de la lune croissante, vendredi midi, un relique du Bouddha apparut à Phya Sisoutha Sinalang, dains la pagode de Pasak Luang. En effet, ce dernier venant chercher une coupe qu’il avait déposée devant le Phra Bang de cette pagode, y trouva des cheveux du Bouddha (que les génies y avaient apportés à son insu). Il le présenta au Supérieur de la pagode et, à ce moment, on entendit un grand coup de tonnerre dans le ciel ...
VERSION 5 - La cinquième version, écrite par Houa Phanh Muong Boun, n’est pas non plus datée. Elle s’arrête toutefois avec la fin du règne du roi Manthathourat, ce qui laisse penser qu’elle parut sous le règne de ce roi, c’est-à-dire au début du XIXè siècle.

Pour récapituler, les cinq versions sus-énumérées peuvent être classées dans deux groupes :
- Le groupe A : comprenant les trois premières 1 ,2 et 3.
- Le groupe B : comprenant les deux dernières 4 et 5. Le critère adopté pour cette classification est la similitude des faits relatés dans chacune d’elles. Ainsi, les deux dernières versions – 4 et 5. S’accordent pour indiquer que Phagna Lang n’ayant pas gouverné le pays suivant les préceptes royaux, il fut des-titué et exilé dans une grotte de Pak Ou et remplacé par son fils Phagna Khamphông. Lorsque ce dernier eut un fils, il envoya des messagers demander à Phagna Lang de lui don-ner un nom, ce à quoi Phagna Lang répondit « Vous m’avez accusé d’être un mauvais roi et m’avez expulsé du pays, pourquoi venez-vous me demander des avis ? Phi fa pha ! Phi fa pha ! « (Que le ciel vous foudroie, que le ciel vous foudroie) s’écria-t-il alors.

En recevant cette réponse, Phagna Khariphông, sans autrement s’en inquiéter, appela son fils « Phi-Fa » qui signifie Génie du Ciel. Bientôt Phi-Fa, pour avoir des relations coupables avec une concubine khmère de son père, fut chassé au royaume et ne régna pas. Il se réfugia à la Cour d’Angkor avec son fils Fa-Ngoum. Et plus tard, sur la route de retour au Laos, Fa-Ngoum fit tuer son père Phi-Fa pour pouvoir monter sur le trône ». Mais, sur Phi-Fa et son fils Fa-Ngoum, les trois premières versions - 1, 2 et 3 - ne signalent pas la séduction d’une des femmes de son père par Phi-Fa, ni son exil, ni même le parricide de Fa-Ngoum.

D’après ces versions, pour avoir dès sa naissance une dentition précoce (33 dents), Fa-Ngoum fut considéré par les mandarins comme de mauvais augure pour le royaume et, corne tel, fut expulsé du pays, abandonné sur un radeau avec 33 esclaves et plusieurs gardes. Son père Phi-Fa ne l’accompagna pas, mais resta à Luang Prabang et monta dans la suite sur le trône. A Sa mort, Phi-Fa eut pour successeur son jeune frère Phagna Kham Hiao, mais celui-ci se suicida à l’approche des troupes de Fa-Ngoum. Concernant le retour de Fa-Ngoum au Laos, ces versions racontent que : « Sur l’ordre du roi d’Angkor, les devins du royaume rassemblés pour faire des prédictions sur l’avenir du prince Fa-Ngoum déclarèrent sur un même ton que : « Les parents de ce jeune homme sont déjà morts et qu’actuellement c’est son oncle qui est sur le trône de son pays; que ce jeune prince reprendra son trône et qu’il régnera non seulement à Xieng-Dong Xieng-Thong, mais encore Xieng May et Ayuthya où s’étendra son empire ».

Telle sont entre autres les contradictions qu’on trouve dans les différentes versions tirées du Nithan Khoun Bourôm, contradictions dues, Comme nous l’avons indiqué plus haut, au fait que ces Versions avaient été recopiées plusieurs fois par plusieurs personnes à des époques différentes et, sans doute, quelque peu influencées par les circonstances locales.

Pour les départager, Maha Sila Viravongs estime que les versions du groupe A - (1, 2 et 3) - sont plus vrai-semblables que celles du groupe B - 4 et 5) - son appréciation s’appuie sur un passage trouvé dans l’une d’entre elles, dans lequel il est dit qu’au cours de son sacre qui eut lieu après la prise de Vientiane, Fa-Ngoum avait exposé à ses sujets son programme de politique intérieure bannissant toute effusion de sang.

Il semblerait donc illogique de croire que ce grand roi eût mis son père à mort pour monter sur le trône, ce qui eut été en contradiction avec son comportement personnel et sa politique tout à la fois. « Pareilles versions devraient donc être écartées au profit d’autres qui présentent les faits sous un angle plus logique, c’est-à-dire plus objectif ». Et Maha Sila Viravongs de conclure « Il est regrettable que les ouvrages traitant de l’Histoire du Laos et parus jusqu’à présent en langue française, anglaise et même on Lao, aient commencé l’avènement du Fondateur du Royaume du Lane-Xang par l’inconduite de son père qui lui valut d’être banni du trône et d’être chassé du royaume, et dans certain ouvrage, par le crime de parricide commis par ce grand roi lui-mêne pour monter sur le trône à la place de son père ».

B/ En langue française De tous ces ouvrages, le plus populaire est, sans doute, « l’Histiore du Laos français » par Paul Le Boulanger (Paris 1931) « s’appuyant sur les Annales de Luang Prabang, l’article de De Pélacot( De Pélicot : « Le Trân-Ninh histoire » dans « Revue Indochine » 1906, (pp. 569-580 ; 611-665 ; 755-767). Trân-Ninh est le nom Vietnamien de l’ancien Muong Phouan (Xieng Khouang)), les versions de Pavie, cet ouvrage « sincère et de bonne foi » comme l’indique la préface, introduit entre les textes la relation qui manquait. N’hésitant point à relier tel fait rapporté par l’une des versions à tel autre figurant dans un second texte, grappillant en outre les dates de-ci de-là sans jamais indiquer les sources, l’auteur non sans art a réussi à présenter cette cohérence comme inhérente aux versions.

Grâce a cette cohérence, cette « Histoire » demeurée populaire, sert toujours de référence aux historiens du Sud-Est (cf. C. Archaimbault, op. cité, p.563). Plus récemment, l’article « Les Annales de l’ancien royaume de Shieng-Khwang » par C. Archaimbault (op. cité) est une minutieuse recension de 4 textes lao relatifs à l’histoire du Muong Phouan (dont 3 manuscrits et 1 ouvrage édité en 1952 par Tiao Kham Manh Vongkôt Ratana sous le titre de Phongsavadan Muong Phouan), qui sont sans doute des variantes de la version 3 du Nithan Khoun Bourôm citée par Maha Sila Viravongs. «Dans l’apparat critique, précise C. Archaimbault, nous avons soigneusement souligné le les divergences, volontairement masquées par les « Histo-riens », qui existent entre les différents textes. Si la lecture de ce commentaire pouvait décourager toute tentative d’élaborer un jour une « Histoire » du Laos, nous estimerions n’avoir point complètement perdu notre temps » du (Ibid. p. 561).

2- SOURCES ETRANGERES
Les sources étrangères qui fournissent les données sur l’histoire du Laos sont peu nombreuses.

a/- En premier lieu il faut citer les Annales chinoises tenues depuis la plus haute antiquité. C’est d’elles que sont tirés les anciens renseignements contribuant à l’élaboration des hypothèses sur l’origine des Laos (voir 1è partie de la présente étude) par des auteurs occidentaux bien Connus D.G. Hall (A history of South-East Asia, London, 1964); G. Coedès (Les Etats hindouisés d’Indochine et d’Indonésie, Nouvelle Edition, Paris 1964).

b/- Puis viennent les Annales Thai, relativement plus nom-breuses, constituant les principales sources d’un ouvrage d’histoire écrit en langue Lao par Thao Ou Kham Phom Vongsa, intitulé « Khoan Pén Ma Khong Lao » (Origine des Lao op. cité).

c/- Les Annales du Vietnan, font aussi mention des rela-tions diplomatiques et des guerres avec le Laos. Ces rares renseignements sont presque tous relatés dans les ouvrages d’histoire écrits par des auteurs vietnamiens tels que : - Lê Thanh Khôi ( Le Viêtnam. Histoire et Civilisation Paris 1955); -Trân trong Kim (viêtnam Su-Luoc, ou Histoire du Viêtnam, 7è édition, Saigon, 1964).

d/- Quart aux Annales du Cambodge et de la Birnanie, nous n’avons eu l’occasion d’en prendre connaissance qu’à tra-vers les références citées par D.G. Hall et G. Coedés dans leurs ouvrages sus-mentionnés. Telles sont les sources dans lesquelles nous avons puisé les renseignements qui constituent le cadre à notre Etude historique du Laos. Sans doute sont-elles encore incomplètes, et, ce qui plus est, certains faits sont contradictoires.

Nous les présentons néanmoins a nos lecteurs, sans prise de position aucune, notre travail étant un travail de compilation. D’ailleurs, « l’insuffisance et la contradiction des documents historiques sont les obstacles communs aux Annales de presque tous les pays du monde » ( J.P. Peeters, Philologie et Histoire, Florennes, 1908 ). « On n’a rien ou presque rien sur la Gaule chrétienne, et il y a, pour reprendre le mot de Kurth, un « déluge de contradictions » sur la Révolution française par exemple. On peut en avoir sur un point déterminé qui soient aux trois-quarts contradictoires. Le travail d’un historien consiste à en démêler le vrai du faux. C’est la pierre d’achoppement des historiens, il leur faut posséder l’art de critiquer et d’interpréter les textes » (J. Suberville, Théorie de l(art et des genre littéraire, Paris, 6è edit. p. 421).

Nous n’avons pas cette compétence malheureusement. Toutefois, l’étude vraiment historique sur le Laos devant commencer avec Fa-Ngoum, nous croyons, pour situer les faits, pouvoir reprendre ici une assertion de H. Maspéro (cf. La frontière d’Anna et du Cambodge, BBFEO, t. XVIII, 3, p. 36) : « Les Annales de Vieng Chan et de Luang Prabang attribuent la conquête de Vieng Chan au roi Fa-Ngoum et placent ces faits dans la seconde moitié du XIVè siècle. Comme le successeur de ce Fa-Ngoum, le roi Sam Sène Thai reçut en 1404 le titre chinois de Siuan Wei Che (Siuan Wei Che « Proclamer/Ordre et consolation/Seigneur ou ambassadeur » (en Sino-Vietnamien : Thyên-Uy-Su)=Seigneur représentant l’Empereur pour proclamer les ordres royaux et (raporte) des consolation (des soutiens à la population.), la date des chroniques laotiennes ne doit pas être trop inexacte.

Tous les documents étrangers, en se complétant mutuellement, permettent ainsi de reconnaître, sinon de façon absolue du moins avec quel-que approximation, le moment où prit fin la domination cambodgienne en pays Laotien ». Nous pouvons même ajouter les données épigraphiques que nous avons énumérées ci-des-sus contribuent encore à confirmer la chronologie avancée par les Annales locales relatives à l’avènement de ce grand roi qui, le premier, ouvrit l’ère de grandeur du Laos par la fondation du Royaume du Lane Xang s’étendant de la Chine au Nord jusqu’à Sambor au Sud et de Khorat a l’Ouest jusqu’à Laobao à l’Est, et par la réalisation de la première unité Laotienne.


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