FA NGOUM , UNIFICATION ET EXPANSION TERRITORIALE

UNIFICATION DU ROYAUME.

En 1354 A.D., c’est-à-dire un an après être monté sur le trône, Fa-Ngoum remit son armée debout pour s’en aller unifier le Royaume, laissant Sa femme Nang Kèo-Lot-Fa, alors enceinte de trois mois, A Xieng Dong-Xieng Thong pour régner en son absence (Date donnée par Maha Sila Viravongs (op. cité, p. 56) et par Chao Kham Manh Vongkôt (Phongsavadan Sat Lao, Vientiane, 1961, p. 24).

1- Prise de Xieng Sen Tout d’abord il se dirigea vers Muong Lan-Na en remontant le Mékong. Partant de la capitale en bateau, l’armée de Fa-Ngoum arriva au lieu appelé Tha Houa Heua a Muong Leuk (Qu’on nomme aujourd’hui Tha Soan Kou Kham ( Muong Luock Cautsawadi, sur la rive droite du Mékong, dans l’intérieur, à mi-distance entre Luang Prabang et Xieng Khong) (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 22). Le Chao-Muong de Muong Leuk appellé Thao Ou-Long se présenta et dit à Fa-Ngoum : « Je suis le fils de Nang Kèo Mahali, la fille du Roi Kham Hiao. Je suis donc de votre famille ». Fa-Ngoum répondit : « Puisque tu parles ainsi, continue à gouverner ton pays qui sera l’intermédiaire pour les courriers et le tribut entre le Lane-Xang et les territoires que je vais assujettir ».

Puis il continua sa marche vers Muong Sôp Bèng (Pak Bèng) où il captura l’interprète de Muong Houn et le Chao Muong de Muong Pak Bèng. Il se dirigea ensuite vers Sôp Tha (Pak Tha) où il reçut la soumission des Muong Xieng Khong, Muong Khôk Ham, Muong Xieng Thong et Muong Xieng Toun. Fa-Ngoum nomma le Chao Muong de Xieng Toun Gouverneur de ces quatre Muong qui furent appelés depuis « Si Muong Thang Nam » ou « Quatre Muong de la route par eau ». Il convoqua ensuite les Chao Muong des Muong Pha, Muong Phoua, Muong Phou Khoun et Muong Heng (Muong Pa, Koua, Pou Koup et Heng (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 23) et nomma le Chao Muong de Muong Pha Heng Gouverneur de Ces quatre Muong qui furent appelés depuis « Si Muong Thang Bôk » ou « Quatre Muong de la route par terre ».

Quand sa troupe arriva à Muong Sôp Tha (Pak Tha) Fa-Ngoum fit le dénombrement de son armée qui composait 400.000 hommes dont 100.000 Yao et Youan, 500 éléphants. Puis il la conduisit à Don Noun après avoir soumis les Muong Hin, Muong Ngao. A ce moment, le pays de Lan Na avait pour roi Chao Samphagna qui, à l’approche de l’armée de Fa-Ngoum, rassembla 400.000 hommes et en donna le commandement à son frère Sène Muong, puis vint s’établir à Xieng Sèn, ville capitale de Lan Na. Fa-Ngoum monta sur l’éléphant appelé Xieng Thong, franchissant le Nam Kôk accompagné d’un de ses généraux, Ba Kim ou Chao Muong Khoua, attaqua et tua le Sène Muong de Lan-Na sur la tête de son éléphant. Chao Sam phagna se sauva dans l’enceinte de Xieng Mai (sur le Nam Kôk). Fa-Ngoum l’y poursuivit et s’empara de tous les Muong voisins : Muong Pheo, Muong Lêm, Muong Hay, Ban Nhou, Muong Nhong, Houa Phouang, Houa Fay, Muong Lu, Muong Kheun et Muong Sieng Khene.

Sachant qu’il ne pourrait plus résister, Chao Samphagna envoya Mun Koum Km, Mun Soum et Mun Kang porter à Fa-Ngoum un message pour solliciter la paix, offrant Xieng Hai comme tributaire de 1.000 hap (1 hap=2 corbeilles ; 1 mun=12 Kg ; 1 sène=10 mun 120 Kg) de paddy par an. Il fit offrir en outre au roi de Lane Xang : un mun (1 hap=2 corbeilles ; 1 mun=12 Kg ; 1 sène=10 mun 120 Kg)) d’or, 2 sèn (1 hap=2 corbeilles ; 1 mun=12 Kg ; 1 sène=10 mun 120 Kg)) d’argent, une bague précieuse appelée Nhot Sieng Sène, un diamant appelé Nhot Sieng Hai, un rubis appelé Mani Pha Louang et d’autres présents aux généraux et soldats du roi de Lane Xang. Les messagers dirent à Fa-Ngoum : « Nang One So (Nang Ansa (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 23), fille de Chao Samphagna est encore très jeune, si tôt elle aura dix huit ans, notre Roi vous l’enverra. Il vous demande d’accepter qu’elle soit votre femme et de faire préparer les oreillers et les nattes ». Puis ils demandèrent que le roi Fa-Ngoum se retirait à Pa Day (limite sur le Mékong du Lane Xang et du Lane-Na) avec son armée. Chao Samphagna abandonna au Lane Xang ses droits sur les Muong au-dessous de ce passage. Ce à quoi Fa-Ngoum consentit enfin.

Sur le chemin de retour vers Xieng-Dong Xieng-Thong, Fa-Ngoum trouva A Sôp Tha les Kha (Kha Khao (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 24) arrivés pour le saluer. Ils habitaient les forêts sur les rives du Nam Tha jusqu’au Muong La, Muong Ko et jusqu’aux frontières des Lus, depuis que Khoun Lo les avait chassés des bords du Mékong. Ils demandaient à le suivre. Fa-Ngoum fut fort content de leur démarche, toutefois il voulut que leur race subsistât en ce pays, ainsi il désigna 20 familles pour retourner habiter à Phou Khoum, 20 familles à Phou Chom Leng, 20 familles à Phou Kha (Le Nithan Khoun Bourôm (op. cité, p. 51) n’en mentionne que 2 points : Phou Khoum et Phou Chom Leng.).

Avant de les congédier, Fa-Ngoum leur dit : « Ne maltraitez pas les Lao et les Thai. Ne volez pas les biens d’autrui. Ne combattez pas les jours Mu kad, Mu Kôd, Mu Houang, Mu Tao, Mu Ka qui sont des jours de paix obligés. Seulement les jours Mu Kap,Mu Hap, Mu Houay, Mu Meung, Mu Peuk sont les jours permis pour la guerre ( La semaine des Lao est la décade : Mu Houng, Mu Tao, Mu Ka, mu Kap, Mu Houay, Mu Peuk, mu Kad et Mu Kôd). « N’enlevez pas les gens et les buffles. Celui qui n’obéira pas à mes ordres, je le ferai condamner à payer pour son rachat le poids de cette roche pesant 2 500 bats que je fais, pour cet effet, porter à Xieng-Dong Xieng-Thong ». Puis on tua des buffles pour prêter serment, et les soixante familles reprirent, satisfaites, la route de leurs montagnes, tandis que tous les autres, au nombre de 100.000 personnes (y compris femmes et enfants) suivirent Fa-Ngoum et vinrent s’installer provisoirement dans les pays de Phou Bon (Phou Bân (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 25).

Le roi leur donna comme chefs Xieng Pô Xieng Pha. Il chargea ensuite son général Khoua Kim de veiller spécialement sur eux. Après une campagne de deux ans ( Probablement 1354-1356), Fa-Ngoum rentra à Xieng-Dong Xieng-Thong. Pendant son absence, la Reine avait mis au monde un garçon que Fa-Ngoum nomma Oun Heuane ( Oun Heun (littéralement : Réchauffer.Maison) ou Bonheur de la maison. « L’apercevant dans les bras de nang Keo, fille du roi d’Enthipat, il le nomma Houn Run ( Bonheur de la Maison) et il le combla de caresses » (cf. Mission Pavie, op. cité, p. 25)) ou « Bonheur de la Maison ».

2- Prise de Viengchan Vieng Kham après son retour, Fa-Ngoum prépara de nouvelles expéditions dans les régions du centre et du Sud du Royaume qui ne connaissaient pas son autorité. En 1356 A.D. il nomma Ba Pô, Ba Chikhe Commandants en chef et l’armée se mit en route vers Vieng Chan ( Date donnée par Maha Sila Viravongs (op. cité, p. 29). Thao Khay, Chao Muong de Muong Sai, descendant de Khoun Khêt, Khoun Khan, se porta contre Be Chikhe et Ba Pô. Ce dernier le vainquit, le saisit et le tua à Sieng Sôm (Houay Sôm). Ba Pô fut nommé Chao de Muong Sai et l’on appelé depuis Sai Pô.

Fa-Ngount se dirigea ensuite vers Kho Kèng et la grande armée campa à Tha Na Neua ( Champ de riz à l’actuel ban Si Khay, Vientiane (cf. Maha Sila, op. cité, p. 29). A ce moment, Chao Xieng Muong, gouverneur de ViengChan et son fils Phagna Phao ( Phay Khao ( cf. Mission Pavie, op. cité, p. 25), gouverneur de ViengKham ( L’actuel Ban Keun, Muong Thourakhom, province de Vientiane ( cf. Chao Kham Manh Vongkôt Rattana, op. cité, p. 24 ; cf. églt. Etude Histoire du Laos, par Vo Thu Tinh, in Barln N° 6, 1971, p. 195, anot. 25). avec 200.000 hommes et 500 éléphants, mar-chèrent sur l’armée de Fa-Ngoum, et l’attaquèrent à Tha Neua. Chao Xieng Muong était sur l’éléphant Vang Bouri, haut de 8 coudées et Phagna Phao conduisait celui nommé Sène Nang Khoay. haut de 9 coudées. Du camp de Fa-Ngoum, Sai Pô montait l’éléphant Pheo Chak Ka Vang, Ba Chikhe était sur Khouan Louang Pha, alors que le Roi toujours sur son beau Hom Xieng Thong. Ba Chikhe tua Chao Xieng Muong sur son éléphant. Khoua Kim combattait contre Phagna Phao. Sai Pô arriva à son aide. Voyant l’éléphant de Sai Pô plein de fureur, Phagna Phao n’osa l’attaquer et se retira à ViengKham.

Fa-Ngoum fit son entrée dans ViengChan. Il envoya sans tarder Ba Chikhe, Khoua Khim et Ba Siem poursuivre Phagna Phao et attaquer Viengkham. Phagna Phao, refusant le combat, se tenait enfermé dans sa ville que les généraux de Fà-Ngoum ne pouvaient attaquer à cause des bambous épineux de l’enceinte. (Muong ViengChan fut encore appelé Muoug Phai Nam ou « cité des bambous épineux » (L’actuel Ban Keun, Muong Thourakhom, province de Vientiane ( cf. Chao Kham Manh Vongkôt Rattana, op. cité, p. 24 ; cf. églt. Etude Histoire du Laos, par Vo Thu Tinh, in Barln N° 6, 1971, p. 195, anot. 25).

Fa-Ngoum ordonna qu’on fabriquât des anneaux d’or et d’argent et qu’on garnît les flèches avec lesquelles on simulerait une attaque contre ViengKham durent trois jours de suite, puis après cette attaque qu’on se retirat et qu’on revint prendre son conseil. Pendant ce temps, Fa-Ngoum remonta le Mékong. conquit les Muong Kène Thao et Nakhon Thai. Il donna à Ba Chikhe le titre de Mun Kè et le fit gouverneur des provinces nouvellement assujetties, à la frontière d’Ayuthya.

A ViengKham, voyant les troupes de Fa-Ngoum lâcher pied, les assiégés se crurent délivrés et sortirent pour ramasser les projectiles en or et en argent, abattant les épaisses haies de bambous. Alors les assaillants revinrent brusquement à la charge, incendièrent les bambous de l’enceinte protectrice et entrèrent sans difficulté dans ViengKham. « En souvenir de cet épisode, la ville fut baptisée « ViengKham » qui signifie « Enceinte d’Or » (cf. Paul Le Boulanger, Histoire du Laos Français, Paris 1931, p. 46 - cf. également Chao Kham Manh Vongkôt Rattana, op. cité, p. 25). Cependant Maha Sila Viravongs souligne 1’anachronisme de cette version sur l’origine du mot ViengKham : « Les mots « ViengChan – ViengKham » existent déjà sur la stèle de Rama Kham Hèng on 1292 à Sukhothai, c’est-à-dire plus d’un demi-siècle avant la prise de ViengKham par Fa-Ngoum en 1356 » (Phongsavadan Lao, op. cité, p.54, anot.2).

Revenons au sort de Phagna Phao, Gouverneur de Viengkham, sur lequel deux versions différentes méritent d’être signalées :
a- Première version - Phagna Phao se porta contre Fa-Ngoum et une lutte à dos d’éléphant, entre les deux chefs s’engagea âprement. A la fin, comme Fa-Ngoum n’arrivait pas à vaincre Phagna Phao, il arrêta le combat, félicita son partenaire de sa vaillance et de son talent de guerrier, et le maintint gouverneur de ViengKham, sous son autorité (Chao Kham Manh Vongkôt Rattera, op. cité, p. 214-25 - Maha Sila Viravongs, op. cité, p. 62, anot.1).
b- Deuxième version – Fa-Ngoum captura Phagna Phao, le mit dans une cage puis le fit conduire à Xieng-Dong Xieng-Thong. Arrivé à Ban Thin Heng, Phagna Phao mourut. Ce lieu fut appelé depuis Muong Song; le mot « Song » signifie « cage » (Nithan Khoun Bourtm Rajathirath, op.cité, pp. 51t-55 - Mission Pavie, op. cité, p. 26).

Fa-Ngoum, revint ensuite à ViengChan, fit faire le dénombrement de ses armées, il se trouva qu’il avait :
- De Pak Houay Louang ( L’actuel Ban Houay Luang, dans la province de Phôn phi Say, province de nongKhai (cf. Maha Sila Viravongs, op. cité, p. 62, anot. 2). alors limite du Sud de Xieng-Dong Xieng-Thong proprement dit jusqu’à Pha Day 2.000 éléphants, 1.000 chevaux et 6000 hommes aptes à la guerre.
- de Fha Nam Houng Xieng Sa ( L’actuel Muong Paksan (cf. maha Sila Viravongs, op. cité, p. 62, anot 3) jusqu’au pays des Cham, et jusqu’aux frontières Vietnamiennes :1.000 éléphants 500 chevaux et 400.000 hommes disponibles. Fa-Ngoum donna le titre de Mun Kabong à Ba Siem et le fit gouverneur du Sud, de Muong Pha Nam Houng Xieng Sa jusqu’aux frontières Cham et Vietnamiennes. Il donna le titre de Mun Chanh à Ba Khoum et le fit gouverneur de Muong ViengChan. Puis le Roi envoya Khoua Kim aller chercher les les Kha récemment installés à Phou Bon; il en établit 10.000 familles à Ka Dè Fa Tèp ( L’actuel Hong Kè (cf. Maha Sila Viravongs, op. cité, p. 63, anot 1) aux environs de ViengChan, et 10.000 familles à Nong Han Noy, Nong Han Louang, Phou Van Than Van Bao ( Près de l’avtuelle province de Kalasinh, Thailande, (cf. maha Sila Viravongs, op. cité, p. 63, anot 2) et Suong Sai (régions maréca-geuses et inondées sur la rive droite du Mékong et au sud de ViengChan).
- Extension vers l’Est et le Sud ( Cf. Histoire du Laos français, par Paul le Boulanger (Paris 1931, p. 48-49) ; cf. églt. Les Annales de l’ancien Royaume de Shieng Khwang, par Charles Archaimbault (BEFEO, 1967, t. LIII, fasc.2, p. 606, anot.

Le Nithan Khoun Bourôm Rasjthirath et l’histoire du Pays de lan Xang Hom Khao, deux principaux ouvrages sur lesquels se base notre étude, ont omis les faits relatifs à l’intervention de Fa-Ngum en faveur de Kham Kho et à ses expéditions dans les provinces du sud. Bientôt Fa-Ngoum « soutint son allié de la première heure, le roi de Xieng Khouang Kham Nho, contre son fils (« Mais bientôt son ambition et sa nature belliqueuse (?) ne résistèrent pas à l’attrait de nouvelles expéditions, d’ailleurs ses guerriers lui réclamaient sans cesse de nouveaux apanages et l’entraînuant dans des campagnes sans fin, c’est ainsi qu’il soutint son allié de première heure, le roi du Trân-Ninh Kham Gno, contre son fils dont il prit deux femmes en otage » (cf. Paul Le Boulanger, op. cité, p. 148).). Un paragraphe de la version C (p. 18-24) cité par Charles Archaïmbault dans « Les Annales de l’ancien Royaume de Shieng Khwang » (cf. BBEEO, 1967, t. LIII, fasc. 2, p. 6O6, anot. 2) nous en donne les détails corne suit : « Lors de la succession du Mun Na, ce dignitaire que le roi Phouan avait chargé naguère d’accompagner Fa-Ngoum - Kham Nho se heurta à ses frères Chao San et Pha Ku. Ces derniers tentèrent d’entraîner Nang Nôk, l’épouse de Kham Nho dans un complot visant à mettre sur le trône Kham Phông, fils de Kham Nho. Le roi fut prévenu du dessein de ses frères par une lettre qui lui avait été placée dans son nécessaire à chiquer. Mais avant que Kham Nho n’ait pu les châtier, Chao San et Pha Khu s’enfuirent. Kham Phông qui avait accueilli favorablement le projet de ses oncles entra alors en lutte ouverte contre son père qui fit appel à Fa-Ngoum. Kham Phông dut s’enfuir à son tour, laissant ses deux épouses Nang Phan et Nang Fong aux mains de Fa- Ngoann » (« A la mort de Kham Nô en 732 C.S. (1370 A.D.)

Muong Phuon fut dirigé par un dignitaire nommé par Fa-Ngum. Pour surveiller les agissements de Fa-Ngoum, Phagna Kham Phông dépêcha auprès de lui quatre digni-taires dévoués. Quand en 735 C.S. (1373 A.TD.) Fa-Ngum fut banni et remplacé par son fils Thao Un Heuane, qui prit le nom de Sam Sen Thai, les quatre dignitaires démasquant leur jeu, révélèrent le nom de leur maître au nouveau roi qui invita Kham Phông a monter sur le trône de Xieng Khouang et lui restitua ses épouses détenues prisonnières à Luang Prabang » (cf. C. Archaimbault, op. cité, p. 606, anot. 2). Puis Fa-Ngoin « élargit vers l’Est ses provinces du Sud jusqu’à la Chaîne annamitique : Muong Song (Vang Vieng), Muong Moun (Kham Mouan), Muong Louang (Nhommarat), Samphone (Savannakhet),Sapon (Tchépone) et Milan (Lao bao).

Là il se heurta au roi du Vigt-Nam (98) qui accepta de traiter et admit comme limite des deux Etats, la ligne de partage des eaux » (Tran Du Tôg sans doute (anot. de Paul. Le Boulanger, op. cité, p. 49, anot. 1) - La vallée de la Rivière Noire forma la limite Nord (Muong Lai) (anot. de Paul Le Boulanger, op. cité, p. 49, anot. 2). Nous n'avons pas encore trouvé ces faits dans les Annales vietna-miennes.) (cf. Paul Le Boulanger, op. cité,p.48-49) 4- Prise de Roi-Et

Après quelque temps de repos, Fa-Ngoum appela 600.000 hommes et leva 500 éléphants pour aller provoquer le Roi de Lan Phya (Le mot « Lan » est employé dans le Nitha Khoun Bourôn pour désigner « Pays »: Lan Xang (Laos), Lan Na (Chieng Mai), Lan Phya (Ayuthya).) (Ayuthya), laissant 400.000 hommes et près de 3.000 éléphants pour la garde du Lane Xang. Mun Kabong, Mun Kè marchèrent avec la tête de l’armée, Khoua Kim avec la gauche, Bai Pô la droite et Mun Chanh l’arrière, tandis que le Roi Fa-Ngoum était au centre et dirigeait l’ensemble. Ils suivirent la route de Boua Kong et prirent Vieng Phra Ngam dont ils capturèrent le Chao, puis se dirigèrent vers Roi-Et Pa-Tou (la ville aux cent-une portes et s’emparèrent de tous les Muong environnants : Phrassat, Phra sa Hien, Phra Naray, Phra Ling, Phra Na-thien, Se Khamnat, Sa Phanh Si Che, Phin Phing Det.

Fa-Ngoum captura le roi de Roi-Et et tous les Chao des Muong précités; sans égards, il les fit tous enchaîner et les jeta dans la prison de Roi-Et Pa-Tou. Puis il envoya un courrier au roi de Lan Phya (« Le règne de Fa-Ngoum (1353-1373) coÏncidait avec celui de Uthong (Ramatibodi I ) d’Àyuthya (1350-1369). Ce roi d’Ayuthya n’avait pas eu le temps d’élever ses pouvoirs jusqu’à Ro-Et. Il est plus vraisemblable que Fa-Ngoum a pris Roi-Et du roi de Sukhothai, plutôt que du roi d’Ayuthya ou du roi du Cambodge. Tcheou Ta Kouan qui accompagnait la Mission Chinoise au Cambodge a mentionné que Nakhone Thom du Cambodge avait été pris et dévasté par un roi du Sukhothai en 1296 » (cf. M. Jumsai, A new history of Laos, Bangkok 1971, p. 49, anot. 1, traduction libre). « Il semblerait que la région de Roi-Et était encore au XVè siècle sous le contrôle plus ou moins effectif du roi d’Angkor.

Les Thais ont occupé la moitié occidentale de l’Empire Khmer, cependant il restait au Cambodge la plaine des Lacs et le plateau de Roi-Et. L’intervention de Maha Thèng (disciple de Maha Passaman) en faveur du roi de Roi-Et et des Chao des Muong environnants apparaîtrait corne une démarche officieuse de la Cour d’Angkor, Maha Passaman étant celui qui avait présenté le prince Fa-Ngoum au roi d’Inthapatha » (Anotation due à l’obligeance du R.P. Michel Oger)) lui annonçant son arrivée et lui demandant s’il voulait ou non combattre. Il se montrait impitoyable, incendiant, détruisent tout sur son passage. Le roi du Lan Phya lui fit répondre : « Nous sommes frères depuis Khoun Bourôm. Si vous voulez augmenter votre royaume, je vous cède de Don Sam Sao à Phou Phagna Pho, limite du Nakhon Thai. Je vous enverrai chaque année du sucre en tribut. Quand ma fille sera en âge, je vous la ferai conduire pour être votre servante. Préparez les nattes et oreillers ».

Fa-Ngoum, acceptant les propositions du Roi du Lan Phya, donna l’ordre à son armée de s’arrêter et d’apprêter la mort de tous les Chao et du Roi de Roi-Et prisonniers. A ce moment-là, suivi d’une foule nombreuse, un bonze se dirigea vers le camp de Fa-Ngoum et se présenta : « Je suis Maha Thèng, disciple du Maha Passaman qui fut votre père nourricier ». Fa-Ngoun l’invita à s’asseoir et demanda :
- Que désirez-vous ?
- Je veux vous poser certaines questions. Quand naquîtes, vous aviez 33 dents, n’est-ce pas ? Les avez-vous toujours ?
- Je les ai toutes perdues.
- N’en avez-vous pas eu de nouvelles ?
- Oui, 33 autres les ont remplacées.
- Les premières vous ont-elles rendu heureux ou malheureux ?
- Dès ma naissance, elles ont causé mon bonheur.
- Lesquelles, des anciennes et des nouvelles, ont été les meilleures ?
- Elles ont été également bonnes. Ni les unes, ni les autres ne m’ont mordu la langue.

Très satisfait des réponses de Fa-Ngoum, Maha Thèng s’exclama « Ce roi, qui a acquis de grands mérites autrefois, a aujourd’hui une grande sagesse. Il répond avec habileté aux questions les plus subtiles ». Ayant parl&ea/script>