LE BOUDHISME AU LAOS


Sommaire

1. Bouddhisme, religion d'état
2. Bouddhisme théravada ou le petit véhicule
3. Les trois principes de base du Bouddhisme théravada
4. Quatre nobles vérités
5. Nippana ou But Ultime du Bouddhisme Théravada
6. Trilatna ou Trois Merveilles
7. Pratique du bouddhisme à la laotienne
8. Moines et religieuses
9. L'histoire et la vie du Bouddha avant sa mort

1. Bouddhisme, religion d'état:

Environ 60% de la population laotienne pratique le bouddhisme Theravada. La plupart sont des lao des plaines. Le bouddhisme semble avoir été introduit à Luangprabang ( alors Muang sua ) entre XIIIè et XIVè siècle.

Le premier monaque de Lane Xang, Fagnum, fut l'inspirarteur du bouddhisme comme religion d'Etat, en acceptant le bouddha d'or "Pha Bang" des mains de son beau père khmer. En 1356, il fit construire un vat à Muang Sua destiné à abriter ce fameux bouddha.

Mais le développement du bouddhisme fut relativement lent, même en plaine, car la population était encore très attachée au culte des esprits ou des phi. Le roi Setthathirath, qui régna sur le Lane Xang de 1548 à 1571, tenta de faire de Vientiane un centre régional bouddhiste, mais il fallut attendre le règne de Soulignavongsa, au milieu du XVIIè siècle, pour que la religion soit enfin enseignée dans les écoles, tradition qui s'est maintenue depuis.

2. Bouddhisme théravada ou le petit véhicule:

A l'origine, le bouddhisme Theravada est une école plus ancienne et, selon ses adeptes, plus authentique que le Mahayana pratiqué dans l'est de l'Asie et dans l'Himalaya. Le Theravada ("doctrine des anciens") est également connu sous le nom d'école du Sud car il s'est propagé jusqu'en Asie du Sud-Est (Myanmar, Thailande, Laos et Cambodge) par la route du Sud, tandis que le Mahayana, ou école du Nord, s'est développé au Népal, au Tibet, en Chine, en Corée, en Mongolie, au Vietnam et au Japon.

Comme l'école du Sud s'est efforcée de préserver le Theravada ou de limiter ses doctrines aux seuls canons codifiés par les premiers bouddhistes, le nom d'Hinayana ou Petit Véhicule lui a été donné. L'école du Nord, Mahayana ou Grand Véhicule, respecte les premiers enseignements, mais considère sa doctrine comme plus complète car mieux adaptée aux besoins des fidèles.

3. Les trois principes de base du Bouddhisme théravada:

Selon la doctrine Theravada ou Hinayana, l'existence se caractérise par les trois aspects suivants :
- le dukkha (souffrance, insatisfaction, maladie)
- l'anicca (impermanence, caractère éphémère de toute chose)
- l'anatta (non-substantialité de la réalité : impermanence de "l'âme").

Qui a compris l'anicca sait qu'aucune expérience, aucun état d'esprit, aucun objet physique ne dure. S'accrocher à l'expérience, à l'état d'esprit et aux objets en changement constants ne sert qu'à créer le dukkha ( khouame thouk en lao ). L'anatta consiste à comprendre que, dans un monde en changement constant, on ne peut en désigner aucune partie en disant: "C'est moi", "c'est Dieu", "c'est l'âme".

Ces concepts, dégagés par Siddhartha Gautama au VIè siècle av. J.-C., s'opposaient directement à la croyance hindoue en un moi et très individualiste; c'est pourquoi le bouddhisme fut d'abord considéré comme une "hérésie" par rapport au brahmanisme indien. Pour parvenir à cette vision du monde, le prince indien Gautama s'est soumis à de longues années d'austérité.

4. Quatre nobles vérités:

Ayant reçut le titre de Bouddha, "l'Illuminé" ou "l'éveillé", l'ascète a prêché les Quatre Nobles Vérités ayant le pouvoir de libérer l'être humain capable de les réaliser:
- La vérité du dukkha - 'Toute forme d'existence est sujette au dukkha (souffrance, insatisfaction, maladie, imperfection)".
- La vérité de la cause du dukkha - "Le dukkha est causé par le tanna (désir)".
- La vérité de la cessation du dukkha - "Eliminez la cause du dukkha (le désir) et le dukkha cessera".
- La vérité du sentier - "l'Octuple Sentier est le moyen de mettre fin au dukkha".

L'Octuple Sentier (atthangika-magga) comprend les huit éléments suivants :
- La compréhension juste
- La pensée juste
- La parole juste
- La conduite corporelle juste
- Le mode de vie juste
- L'effort juste
- L'attention juste
- La concentration juste

Ces huit éléments font partie de trois "piliers" de pratique différents :
-la morale ou sila (3 à 5), la concentration ou samadhi (6 à 8) et la sagesse ou pañña (1 et 2). Egalement appelé Voie du Milieu, parce qu'il évite à la fois l'extrême austérité et l'extrême sensualité, le Sentier est censé être suivi par étapes successives selon certains, tandis que d'autres affirment que les piliers sont interdépendants.

5. But Ultime du Bouddhisme Théravada:

Le but ultime du bouddhisme Theravada est le nibbana (en sanscrit, nirvana), signifiant littéralement "extinction" de toutes les causes du dukkha. Il s'agit concrètement de la fin de l'existence corporelle - le terme de ce qui est à jamais soumis à la souffrance et perpétuellement conditionné par le kamma (action). En réalité, la plupart des bouddhistes lao cherchent plus à atteindre la renaissance dans une existence "meilleure" que le nibbana, notion difficilement assimilée tant par les Asiatiques que par les Occidentaux.

De nombreux Lao ont le sentiment d'être indignes du nibbana. En nourrissant les moines, en apportant des offrandes aux temples et en se rendant régulièrement au vat local, ils espèrent améliorer leur sort, c'est-à-dire acquérir suffisamment de "mérite" (punha en pali, boun en lao) pour éviter la réincarnation ou au moins réduire le nombre de renaissances. Cette recherche du mérite (hét boun) est une activité sociale et religieuse importante.

La quasi-totalité des bouddhistes lao, et même certains non bouddhistes, admettent le principe de la réincarnation, la théorie du kamma (en pali) ou karma (en sanscrit) (kam en lao) est par ailleurs très bien exprimée dans ce proverbe lao : "hét di, dai di ; hét sua, dai sua"- "Faites le bien et vous recevrez le bien ; faites le mal et vous recevrez le mal".

6. Trilatna ou Trois Merveilles:

Le Tilatna ou Triratna ("Trois Merveilles"), hautement respecté par les bouddhistes lao, comprend le Bouddha, le Dhamma (enseignements) et le Sangha (communauté bouddhiste). On trouve le Bouddha sous forme de statue, non seulement dans les temples, mais aussi sur de hautes étagères ou les autels des maisons et des boutiques. Le Dhamma est psalmodié matin et soir dans chaque vat. Le Sangha se manifeste par la présence, dans les rues, de moines vétus de robes orange, notamment aux premières heures de la journée, lorsqu'ils font l'aumône.

7. Pratique du bouddhisme à la laotienne:

Le bouddhisme lao ne possède pas de "sabbat" particulier ni de jour de la semaine consacré à la religion. Il n'existe aucun équivalent de la messe ou du rituel présidé par un prêtre. Au lieu de quoi, le bouddhiste lao se rend au vat quand il le souhaite, surtout lors d'un wan pha (littéralement "excellent jour"), qui a lieu à la pleine lune ou à la lune rousse, soit tous les quatorze jours.
Au cours de ces visites, on fait des offrandes de boutons de lotus, d'encens et de bougies devant divers autels et reliquaires dans le complexe du vat, on offre aussi de la nourriture au Sangha du temple (moines, religieuses et résidents laïcs - les moines mangent toujours les premiers), on écoute les moines chanter des sutras, ou textes bouddhiques, et on assiste à un thêt, ou conversation dhamma d'un abbé ou autre maître respecté.
Les visiteurs peuvent également rechercher le conseil d'un moine ou d'une religieuse sur les questions, nouvelles ou constantes, que pose la vie.

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